20

Dopee par l’atmosphere de mystere dans laquelle la plongeait son enquete, Constance Greene remontait le couloir en compagnie de Marya Kazulin.

— Cet uniforme vous aller comme un gant, lui glissa la femme de chambre avec son fort accent d’Europe centrale.

— Merci de me l’avoir apporte, Marya.

— De rien. Les uniformes, ca etre bien les seules choses dont on ne manquer pas, ici. Avec le linge sale, bien sur.

— Je n’ai jamais porte de chaussures comme celles-ci.

— Des chaussures de travail, comme les infirmieres. Avec des semelles souples, aussi confortables que des baskets.

— Des << baskets >> ? De quoi s’agit-il ?

— Pourquoi ? Ce n’etre pas le bon mot ? reagit Marya, surprise. Maintenant, pour votre travail femme de chambre, souvenez-vous que vous n’avoir pas le droit de parler aux passagers sauf quand vous faire leur cabine. Baisser les yeux quand vous croiser quelqu’un en vous poussant pour laisser passer.

— Compris.

Au detour d’un couloir, Marya franchit une porte sur laquelle ne figurait aucune inscription et les deux femmes se retrouverent dans une lingerie, face a deux ascenseurs de service. Marya appuya sur le bouton du bas.

— A qui vous vouloir parler ?

— Les femmes qui nettoient les grandes suites, les duplex et les triplex.

— Ah ! Celles qui parler le mieux l’anglais, comme moi.

Les portes de l’un des ascenseurs s’ecarterent et elles prirent place dans la cabine.

— Pourquoi, certains membres du personnel ne parlent pas anglais ? s’etonna Constance.

Marya appuya sur le bouton du pont C et l’ascenseur entama sa descente.

— La plupart ne parler pas anglais, vous vouloir dire. La compagnie preferer ca.

— Pour trouver du personnel moins cher ?

— Oui, mais aussi parce qu’on ne risquer pas de monter un syndicat si on ne pouvoir pas parler entre nous. Comme ca, pas risquer se plaindre des conditions de travail.

— Pourquoi, elles ne sont pas bonnes ?

— Vous en juger par vous-meme, madame Greene. Mais faire tres attention. Si vous faire prendre, je perdre mon boulot et ils n’hesiter pas a me debarquer a New York. Vous faire semblant etre etrangere et mal parler anglais. Pour eviter qu’on vous poser trop de questions, vous parler une langue pas tres courante a bord. Vous parler d’autres langues que l’anglais, au moins ?

— Oui. Je parle l’italien, le francais, le latin, le grec, l’allemand…

Marya eclata d’un rire franc.

— Pas besoin aller plus loin. Je ne croire pas qu’on avoir Allemande dans le personnel. Vous n’avoir qu’a parler allemand.

L’ascenseur s’immobilisa, les portes coulisserent et les deux femmes prirent pied sur le pont C. La difference avec les ponts superieurs sautait aux yeux : ici, ni moquette, ni tableaux, ni boiseries, mais un linoleum et de l’aluminium comme dans un couloir d’hopital. Des neons dissimules dans les dalles du plafond jetaient une lumiere crue et des odeurs de poisson, de detergent et d’huile de moteur contribuaient a l’atmosphere confinee du lieu, traversee par le ronronnement des diesels. Les employes, en uniforme, en t-shirt ou en sweater tache, vaquaient a leurs occupations dans une ambiance de ruche.

Marya entraina sa compagne vers un couloir tres etroit le long duquel s’alignaient des portes de faux bois numerotees.

— C’etre le dortoir, expliqua-t-elle a voix basse. Les collegues avec qui je partager ma cabine faire aussi les grandes suites. Vous parler a elles d’abord. Je dire que vous etre une amie, je vous avoir croisee a la lingerie. N’oublier pas, vous etre allemande et parler mal anglais.

— Ne vous inquietez pas.

— Ah oui ! Il faut qu’on trouver une raison pour toutes vos questions.

Constance reflechit un instant.

— Je pourrais dire que j’en ai assez de nettoyer les petites cabines et que je voudrais faire les grandes.

— OK, mais pas insister trop. Les gens ici etre prets a tout pour avoir un boulot avec bons pourboires.

— Compris.

Le couloir faisait un coude et Marya s’arreta devant une porte.

— C’est ici, dit-elle. Prete ?

Constance hocha la tete. Marya prit sa respiration et poussa la porte.

La cabine, une petite piece de quatre metres sur trois, ressemblait a une cellule de prison. En dehors de six casiers alignes contre le mur du fond et de trois couchettes austeres superposees de chaque cote, en vis-a-vis, il n’y avait ni table, ni chaise, ni salle de bains attenante. A la tete de chaque couchette se trouvait une petite etagere equipee d’une lampe. Des livres, des photos de famille, des fleurs sechees, des magazines y avaient trouve refuge, seuls signes du peu d’intimite dont disposait chacune des occupantes de la cabine.

— Vous vivez a six ici ? demanda Constance, incredule.

Marya acquiesca.

— J’etais loin de me douter que vous etiez aussi serres.

— C’est rien a cote cabines du pont E, pour personnel ACP.

— ACP ?

— Aucun Contact Passager. Ceux qui faire la lessive, nettoyer la salle des machines, travailler en cuisine, expliqua Marya en secouant tristement la tete. Une vraie prison. Ils ne voir jamais le jour et ne sortir jamais a l’air libre pendant trois, quatre mois parfois. Eux travailler six jours par semaine, dix heures par jour pour salaire de vingt a quarante dollars.

— Mais c’est bien inferieur au salaire minimum legal !

— Salaire minimum legal ou ca ? Nous etre au milieu de la mer, il n’y avoir pas de salaire minimum legal ici. Le bateau etre enregistre au Liberia, dit-elle avant d’ajouter :

— Mes collegues etre deja a la cantine. Nous aller les rejoindre.

Les deux femmes sortirent de la cabine et parcoururent l’une derriere l’autre un dedale de coursives impregnees d’une forte odeur de sueur. La salle a manger du personnel etait un vaste espace bas de plafond situe au milieu du navire. Des employes en uniforme mangeaient a des tables de cafeteria, la tete plongee dans leur assiette. En prenant place dans la queue a la suite de Marya, Constance examina l’endroit, stupefaite du contraste avec les salles a manger opulentes et les salons luxueux reserves aux passagers.

— C’est d’un calme, remarqua-t-elle. Comment se fait-il que personne ne parle ?

— Tout le monde etre tres fatigue, et puis les gens etre tristes a cause de Juanita. Une femme de chambre qu’elle avoir devenue folle.

— Folle ? Que voulez-vous dire ?

Marya secoua la tete.

— Ca n’etre pas tres rare sur un bateau, sauf que d’habitude, ca arriver plutot a la fin d’une longue traversee. Juanita avoir devenue folle… s’etre arrache les yeux.

— Dieu du ciel, quelle horreur ! Vous la connaissiez ?

— Un peu.

— Elle avait des problemes personnels ?

— Nous avoir tous des problemes personnels, repondit Marya, la mine grave. Sinon, jamais nous aurions prendre ce boulot.

La queue avancait et elles etaient arrivees devant des presentoirs ou s’etalaient des plats tous moins appetissants les uns que les autres : des tranches de corned-beef gras, du chou bouilli, du riz collant, des parts de tourte informes, des gateaux anemiques. Le temps de faire leur choix et les deux femmes se dirigerent vers une table ou deux des collegues de cabine de Marya avalaient leur repas d’un air morne. La femme de chambre effectua les presentations : Nika etait une jeune Grecque aux cheveux noirs, Lourdes une Philippine d’age moyen.

— Je ne t’ai jamais vue, fit Nika avec un fort accent.

— Je fais les gabines du bont 8, repliqua Constance dans un anglais guttural.

L’autre hocha la tete.

— Tu devrais faire attention, t’as pas le droit de manger ici. Faudrait pas qu‘elle te voie, dit-elle en montrant d’un mouvement de tete une femme poilue et courte sur pattes, le crane surmonte d’un casque de cheveux decolores frises, qui surveillait la salle depuis un coin eloigne.

La conversation, menee dans le curieux melange linguistique, truffe d’expressions en anglais, qui servait d’esperanto au personnel de bord, s’engagea sur divers sujets, a commencer par le drame de la femme de chambre qui s’etait automutilee.

— Ou est-elle ? demanda Constance. Elle a ete evacuee ?

— Non, on est trop loin de la cote pour les helicopteres, precisa Nika. Ils l’ont enfermee a l’infirmerie et je me retrouve avec la moitie de ses cabines en plus, ronchonna-t-elle. Juanita, j’ai toujours su qu’elle aurait des histoires. Elle parlait tout le temps de ce qu’elle avait vu chez les passagers, elle arretait pas de mettre son nez partout. Quand on est femme de chambre, il faut rien voir et rien savoir, se contenter de faire son boulot et se taire.

Constance se demanda si Nika avait bien assimile cette derniere regle, car elle poursuivait deja :

— Elle nous en a raconte de belles hier, a l’heure du dejeuner. Elle avait trouve des trucs en cuir et un vibromasseur dans le tiroir d’une suite. Qu’est-ce qu’elle avait besoin d’ouvrir ce tiroir, aussi ? La curiosite est un vilain defaut et maintenant je me retrouve avec la moitie de ses cabines. Ce bateau nous portera malheur, c’est moi qui vous le dis.

La mine renfrognee, elle croisa les bras afin de mieux faire passer le message. Autour de la table, les autres murmurerent leur approbation.

Nika, flattee par ces marques d’encouragement, reprit de plus belle en decroisant les bras.

— Sans parler de la passagere qu’a disparu ! Vous en avez entendu parler ? Si ca se trouve, elle a saute par-dessus bord. C’est un bateau de malheur, je vous dis !

Constance tenta d’endiguer son flot de paroles.

— Marya m’a dit que tu fais les grandes suites. T’as de la chance, moi je fais les petites.

— De la chance ? retorqua Nika en lui lancant un regard incredule. C’est deux fois plus de boulot, tu veux dire.

— Oui, mais y a des pourboires.

Nika emit un ricanement.

— Tu parles ! C’est toujours les plus riches les moins genereux. En plus, ils arretent pas de se plaindre, y a toujours quelque chose qui va pas. L’espece d’ordure du triplex m’a fait revenir trois fois pour refaire son lit, aujourd’hui.

La chance allait peut-etre sourire a Constance. L’un des suspects sur la liste de Pendergast, Scott Blackburn, occupait l’un des deux triplex du navire.

— Tu veux parler de M, Blackburn, le milliardaire d’Internet ?

Nika fit non de la tete.

— Non, un autre. Mais Blackburn est encore pire ! Il a sa propre femme de chambre qui s’occupe de tout et qui me prend pour sa bonne. Grace a Juanita, c’est moi qu’ai recolte ce triplex la aussi.

— Il a sa propre femme de chambre ? s’etonna Constance. Comment ca se fait ?

— C’est comme ca. Meme qu’il est venu avec toutes ses affaires : son lit, ses tapis, ses statues, ses tableaux et meme son piano. Des tas de trucs horribles et degueulasses. Tous ces gros riches sont cingles, affirma Nika en jurant dans sa langue.

— Et l’autre, son ami qui vit a cote, Terrence Calderon ?

— Lui, ca va, il m’a refile un pourboire correct.

— Tu fais sa suite ? Lui aussi, il a apporte ses affaires ?

La jeune Grecque hocha la tete.

— Quelques-unes. Des antiquites qui viennent de France. Tres belles.

— Plus ils sont riches, plus ils sont mauvais, intervint Lourdes dans un anglais parfait, a peine teinte d’une pointe d’accent. Hier soir, je me trouvais dans la suite de…

— He, toi ! tonna une voix dans leur dos.

Constance se retourna. La surveillante la regardait d’un air mauvais, les poings sur les hanches.

— Debout ! lui ordonna la femme.

— Vous me parlez ? repliqua Constance.

— J’ai dit, debout !

Constance se leva sans se departir de son calme.

— Je t’ai jamais vue ici, cracha l’autre d’une voix aigre. Comment tu t’appelles ?

— Rulke, repondit Constance. Leni Rulke.

— Ou tu travailles ?

— Je fais les cabines du pont 8.

La megere afficha un air triomphal.

— J’en etais sure. Tu sais tres bien que t’as pas le droit de manger ici. Tu vas retourner a la cafeteria du pont D illico presto.

— Pourquoi ? Qu’est-ce que ca fait ? demanda Constance d’une voix egale. On mange pas mieux ici.

La surveillante n’en croyait pas ses oreilles.

— Espece de petite salope ! s’ecria-t-elle en giflant mechamment Constance.

De sa vie, jamais personne n’avait porte la main sur Constance. Un instant interdite, elle s’avanca d’un pas en attrapant machinalement sa fourchette d’un air qui fit reculer son adversaire, soudain inquiete.

Constance reposa lentement la fourchette sur la table en se souvenant de la promesse faite a Marya, puis elle baissa les yeux. Livide, Marya observait la scene tandis que ses deux compagnes plongeaient le nez dans leur assiette.

Autour d’elles, le murmure des conversations reprit. La joue brulante, Constance regarda une derniere fois la surveillante afin de ne pas oublier son visage, puis elle quitta la table et sortit de la cafeteria.

[Aloysius Pendergast 08] Croisière maudite
titlepage.xhtml
jacket.xhtml
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_000.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_001.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_002.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_003.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_004.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_005.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_006.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_007.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_008.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_009.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_010.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_011.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_012.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_013.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_014.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_015.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_016.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_017.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_018.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_019.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_020.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_021.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_022.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_023.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_024.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_025.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_026.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_027.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_028.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_029.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_030.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_031.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_032.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_033.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_034.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_035.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_036.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_037.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_038.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_039.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_040.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_041.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_042.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_043.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_044.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_045.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_046.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_047.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_048.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_049.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_050.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_051.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_052.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_053.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_054.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_055.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_056.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_057.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_058.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_059.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_060.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_061.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_062.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_063.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_064.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_065.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_066.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_067.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_068.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_069.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_070.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_071.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_072.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_073.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_074.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_075.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_076.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_077.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_078.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_079.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_080.htm
[Aloysius Pendergast 08] Croisiere maudite_split_081.htm